Nos futurs fruitiers
Irvingia gabonensis
Irvingia gabonensis (Aubry. Lec. ex O. Rorke) Baill.
Trait. Méd. Phan. 2 : 881 (1883)
Synonymes: Irvingia barteri Hook f. Irvingia tenuifolia Hook f. Mangifera gabonensis Aubrey Lecomte ex O’Rorke
Noms communs: Andok, mangue sauvage. Anglais : bush mango
Noms locaux: Bafo : bope. Bakoko : avia, ndoka. Bakossi : etou. Bakundu : bopala, weke. Bakwéri : bwiwa. Balong : bopek. Bassa : wiba. Batanga : boubwé. Bobili : atelem. Boki : bojep. Boulou : ando’o. Douala : bwiba, bambale. Ejagham : nsen. Ewondo : andok. Fang : andok. Ibo : obono. Mvaé : ando. Pygmée Bagielli : ntwa. Pygmée Baka : pekié. Vouté : ndok.
Origine, distribution géographique et écologie
Espèce d’Afrique tropicale, de la Sierra Leone à l’Angola, dans les forêts denses humides de basse altitude, surtout les régions anciennement habitées. On la trouve un peu partout dans la zone forestière au Cameroun, sauf en forêt de montagne.
Description
Arbre atteignant 40 m de hauteur et 120 cm de diamètre ; cime hémisphérique à branches maîtresses dressées et très ramifiées, feuillage dense, vert foncé ; fût plus ou moins tortueux et plus ou moins cylindrique ; base à contreforts plus ou moins développés ; écorce gris-jaunâtre, écailleuse, tranche assez épaisse, granuleuse brun-jaunâtre, cassante.
Feuilles alternes, simples ; limbe elliptique à obové-elliptique, pouvant mesurer jusqu’à 11 x 6 cm, sommet acuminé, base légèrement asymétrique ; coriace et luisante sur les deux faces ; stipules falciformes atteignant 2,5 cm de longueur.
Inflorescences axillaires en racèmes courts de fascicules de 3-5 fleurs.
Fleurs petites, jaune-verdâtre, hermaphrodites, pentamères ; 5 sépales réfléchis ; 5 pétales rapidement caduques ; 10 étamines insérées sous un disque épais de couleur jaune vif ; ovaire à 2 loges.
Fruits : drupes jauneverdâtre largement ellipsoïdes, comprimées, d’environ 5-6 cm de longueur ; pulpe charnue, très fibreuse, jaune ; noyau à tégument dur, aplati, pesant environ 15 g à sec, couvert de fibrilles.
Graine unique, aplatie, jaune ou rouge.
Floraison de novembre à mars-juin. Fructification d’avril à juillet-septembre.
Variabilité et conservation de la ressource
Le genre Irvingia compte six espèces parmi lesquelles I. robur, I. grandifolia, I. wombulu, I. excelsa, I. smithii et Irvingia gabonensis. Le centre de diversité du genre Irvingia serait les forêts du bassin du Congo. On les rencontre non seulement en forêt naturelle, mais aussi et surtout dans les caféières, les cacaoyères et dans les jachères où ils sont protégés lors des défrichements culturaux. Dans le sud-ouest du Cameroun, la culture d’Irvingia est en pleine expansion, encouragée par la demande très forte du marché au Nigeria voisin. Tout ceci constitue des formes de conservation in situ et ex situ de cette espèce. Sur un plan formel, l’IRAD et l’ICRAF ont entrepris en 1994 une prospection sur Irvingiadans le Bassin du Congo. Cette mission de collecte a couvert la partie méridionale du Cameroun, le Gabon et le Sud du Nigeria. Le matériel récolté constitue les collections de Mbamayo au Cameroun et de Onne au Nigeria. Le matériel génétique dans ces collections est constitué essentiellement de 2 espèces ayant une valeur alimentaire et une valeur économique certaine : Irvingia gabonensis et Irvingia wombulu.
Le ramassage systématique des fruits qui tombent à maturité limite notablement la régénération naturelle de l’espèce. Les plants sont cependant produits en pépinière par semis de graines.
Agronomie
L’espèce se reproduit par graines. Les semences sont de type récalcitrant, avec un taux de germination maximum de 95 % lorsqu’elles sont fraîchement prélevées, matures, non mutilées et dans un bon état sanitaire. En pépinière, la sciure de bois décomposée est un substrat de germination idéal en raison de son caractère meuble facilitant la germination qui est de type épigée.
Elle montre une bonne aptitude à la formation de racines adventives ; par conséquent, il est possible de produire des plants de marcotte sur des arbres présentant des caractères désirables. On observe, malheureusement, une forte mortalité post sevrage, d’où la nécessité de la mise au point d’une technique appropriée de conduite post sevrage.
C’est une espèce de forêt et ses jeunes plants ne supportent pas, aussi bien en pépinière qu’en champ, un ensoleillement direct et prolongé. Ils se développent mieux lorsqu’ils sont légèrement ombragés.
Les distances de plantation recommandées sont de 10 m entre les lignes et 8 m entre les plants sur la ligne. L’âge d’entrée en production des plants est de 6 à 10 ans.
La dissémination est faite par les gros mammifères, notamment les éléphants. Quant à la pollinisation, elle est assurée essentiellement par les hyménoptères (abeilles). Les plantations par semis direct des noyaux ont une levée exceptionnelle (95 %). Les graines d’I. gabonensis doivent être semées aussi fraîches que possible, immédiatement après le dépulpage. Si on est contraint de les conserver, la durée maximale de conservation ne devrait pas dépasser 10 jours, période à laquelle le taux de levée est de 22%. Ceci montre que ces graines appartiennent à la catégorie des graines dites récalcitrantes, qui ne supportent pas la déshydratation. La propagation se fait aussi par boutures et par marcottes. La fructification en forêt est tardive (10-15 ans). En plantation, lorsque les plants sont bien entretenus, cette durée peut être réduite de moitié.
Utilisations
Les parties utilisées sont : les fruits, les graines, les feuilles, l’écorce, la coque et le bois. Irvingia gabonensis est considéré comme un porte-bonheur. Pour cela, l’arbre est laissé dans les champs de cultures vivrières et son écorce est utilisée comme talisman pour donner ou rendre la fertilité au sol. La coque du fruit est également un talisman que l’on fait porter aux petits enfants pour leur assurer une bonne santé. L’amande contenue dans la graine est oléagineuse et comestible (Vivien et Faure, 1995). Les graines écrasées forment un pain appelé « Etsim ou chocolat » dans les communautés « Fang » et « Bulu » du Cameroun, ou « pain de Dika » au Gabon. Les amandes écrasées donnent une pâte utilisée pour épaissir et parfumer les sauces. La pâte peut être conservée longtemps après séchage au soleil et une huile épaisse peut en être extraite à chaud (Vivien et Faure, 1995 ; Walker et Sillans, 1995). La pulpe, riche en vitamines C, peut être sucée pour calmer la soif. En pharmacopée traditionnelle, la pâte des amandes aux propriétés astringentes peut être appliquée sur les brûlures. L’écorce râpée, utilisée en lavement ou simplement consommée avec du plantain intervient dans le traitement des diarrhées, de la dysenterie (Walker et Sillans, 1995). Le bois est utilisé en construction pour les grosses charpentes. Il s’utilise également pour la fabrication des mortiers, des pilons etc.